Jijel:
Bouicha, un plat culinaire aux origines obscures

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À Jijel, la fête religieuse de l’Achoura a toujours été considérée comme un événement incontournable. Les Jijéliens en l’occurrence ceux de la ville, s’accrochent mordicus à cette tradition léguée par leurs aïeux. Pour accueillir Achoura, les mères de familles accompagnées de leurs filles aînées sont mobilisées pour la préparation d’un plat typiquement traditionnel, appelé Bouicha ou pour d’autres Bouyacha. Fait à base de grosse semoule, de dattes et d’huile d’olive, ce plat culinaire est propre à la région de Jijel, et particulièrement les habitants de la ville. Les préparatifs de la fête sont lancées dès le premier jour de l’Aid El Adha, soit juste après avoir sacrifié le mouton. La panse de l’animal extraite avec beaucoup de délicatesse, sera utilisée dans quelques mois comme un récipient dans lequel la farce hétéroclite passera près de 10 longues heures sur un feu doux sous les regards impatients des prédateurs humains de la maison qui ont déjà lancé le compte à rebours. Toutefois, cette singularité culinaire qui suscite la fierté des Jijéliens, possède des origines jusqu’à présent mystérieuses et ambigües. La majorité des citadins diront que Bouicha est un plat hérité des turcs après que l’empire ottoman fit son entrée à l’antique Igilgili au début du 16e siècle. Une explication qu’on entend dès l’approche de la fête de l’Achoura, mais qui reste sans aucune preuve tangible. En évoquant la recette, certains qui ont un penchant aux légendes et aux mythes, diront que ce plat aussi bien culinaire qu’énigmatique s’est introduit au littorale Algérien grâce aux grands navires venus de la grande Bretagne. Pour apaiser la faim des esclaves qui travaillaient sans arrêt à bord des navires ou des galères, on leur avait préparé un amalgame de semoule et de l’huile, que les esclaves ont finalement apprécié et transmis une fois arrivé à bon port. Fiction ou réalité ? Aucune preuve ou écrit ne confirment ou infirment cette hypothèse qui restera classée dans la colonne des légendes. Les personnes âgées quant à elles, auront une réponse plus ou moins simple mais logique à la fois, elles diront que les origines de ce plat tant apprécié remontent à l’époque coloniale lorsque les algériens de l’époque n’avaient pas de quoi se nourrir en temps de guerre et de misère imposées par l’armée française. La semoule et l’huile d’olive, étaient des aliments généralement disponibles pour préparer du couscous et de la galette, mais aussi la fameuse Bouicha dont l’appellation demeure intraduisible dans d’autres langues. Si certains continuent de chercher les origines obscures de ce plat, d’autres qui n’arrivent pas à se retenir, diront tout simplement que le pain d’autrui a toujours bon goût.
Ramdane. S

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