Par : C. Kamélia
La ville d’Annaba renferme de nombreux sites archéologiques, historiques et touristiques qui demeurent l’empreinte indélébile du passage des civilisations à travers les siècles. Bouna, Annaba aujourd’hui, fut une grande place commerciale durant des siècles.
Cité millénaire, elle a été traversée par les civilisations Romaine, Vandale, Byzantine, Arabe et Ottomane qui ont laissé toutes leurs empreintes. Cependant, pour les historiens, cette ville n’acquiert réellement ce statut là qu’à partir du XVème siècle, ère marquant la confirmation d’une prospérité effective avec le règne des Hafsides et Abou AmiroOthmane ainsi que son fils Abou Abdallah, devenu son gouverneur. Bouna était, à cette époque, réputée pour son ‘’Mers El Azrak’’ (Hippone) qui fut un véritable nœud de communication ainsi que par ses multiples Souks. En se référant à l’ouvrage d’histoire institué ‘’annaba, 25 siècles de vie quotidienne et de luttes’’ (tome 1), feu H’ssenDerdour en cite quatorze Souks locaux, parmi lesquels certains se transformeront par la suite, en d’importantes places commerciales connues sur le bassin méditerranéen notamment. Ces souks s’organisent en branches de l’artisanat et regroupent un ou plusieurs corps de métiers, répartis sur plusieurs parties de la cité de l’époque. Mais, la plupart d’entre eux étaient concentrés dans la vieille ville et l’actuel centre-ville de Annaba qui, faute d’en garder, aujourd’hui, des traces matérielles, en a conservé pendant longtemps et jusqu’à une date relativement récente le nom. Chaque Souk portait le nom de l’activité ou du métier qui y était exercé. Le plus réputé de ces souks, aujourd’hui, tous disparus, était ‘’ Souk Essaragine’’, célèbre pour sa sellerie revendue au-delà des frontières, en Libye, en Égypte et en Syrie. Composé de magasins type boutique, il était situé au sud de la place d’armes dans la vieille ville, qui porte aujourd’hui le nom de la place du 1er novembre. Non moins célèbre, il y avait aussi ‘’Souk El Haouka’’ (tapisserie). L’on rapporte à ce sujet que Bouna était réputé pour ‘’son monopole ‘’ tenu secret, de l’art et du savoir en maroquinerie. C’était une fierté pour la corporation qui était établi près de la mosquée Abou Marouane et l’actuelle place Ben Barka. La confection du ‘’ Haïk ’’ (tapis traditionnel) était essentiellement la spécialité des différents ateliers qui employaient des ‘’Haoukia et des ‘’Herairia’’ (confection en soie). Accueillant les droguistes à ses débuts, ‘’Souk El Atarine’’ est devenu par la suite un marché à la criée, le jeudi ou l’on vendait les bijoux en or et autres. Il était situé face à la mosquée de ‘’Djamaa Edjedid’’. En évoluant, il va accueillir outre les marchands de parfum dont il porte le nom, ce qui sera avec l’évolution du temps, les épiceries (El Houantia) et les marchands ambulants. Localisé près de l’actuel place MaalemHamou et la rue du CNRA, derrière l’actuel hôtel de la ville, ‘’souk ennajarine’’ regroupant les ébénistes et menuisiers. Réputés pour leur savoir-faire, les artisans réalisaient des ‘’mallettes’’, des coffres en bois pour les futures mariées ainsi que des meubles sculptés. Célèbre pour ses ‘’Kat’’ (vestes et gilets traditionnels), ses ‘’Burnous’’ et surtout ses ‘’Kafkan’’, ‘’Ras Essouk’’, accueillant les ‘’Terzi’’ (Brodeurs) et était près de l’actuel provider EEPAD, anciennement salle de cinéma le Régent, à proximité de la place d’armes. ‘’Souk Ediyak’’, accueillait, quant à lui, les Dinandiers. Vase, aiguières, plateaux, chandeliers et autres ustensiles y étaient au carrefour AissatIdir et les ¨Pyramides.
Marché hebdomadaire, ‘’Souk El Ktoute’’ était spécialisé dans la confection des babouches de différents types ‘ ‘’mest’’, ‘’cherbella’’, etc.…). Il se trouvait à la limite des rues Routba et Merabet. Port de pêche, Bouna ne pouvait ne pas avoir de marché de poissons. On l’appelait ‘’Souk El Bab’’. Situé place Benberka. Y étaient commercialisés tous les produits de la mer, notamment le corail. ‘’Souk El Hadadine’’ ou encore ‘’El Karrara’’, situé au sud du cours de la révolution, était spécialisé dans la fabrication de matériels divers (aratoires, de jardinage, les lits traditionnels avec toi en fer forgé, etc.). Célèbre pour son argile et sa terre rouge, Bouna avait aussi son ‘’Souk El Fakharine’’ (les potiers) qui était installé du côté de l’actuelle CCI ‘’Seybouse ‘’, à la limité du port économique de la ville d’Annaba.
Marché de la corporation des chaufourniers et des maçons et peintres, ‘’Souk El Jiarine’’ était situé aux abords du cours de la révolution, rue Zénine Larbi, aujourd’hui.
‘’Souk El Rabh’’ ou ‘’El Mouachi’’ (cheptel) était localisé près de l’actuel secteur militaire et la CNR (Champs de Mars) et accueillait des bestiaux et chevaux ainsi que celui des céréales et de la laine. La corporation des bouchers avait elle aussi son ‘’Souk El Jazarine’’ qui était localisé aux angles des rues Chminti et Merabet. Enfin, ‘’Souk Al Hajamine’’, situé place des Barbiers, outre les coiffeurs, comme son nom l’indique, il accueillait les arracheurs de dents et autres soignants spécialisés dans le traitement par ponction de sang sur la nuque.
C’est ainsi qu’était réglée la vie socio-économique de la cité de Bouna, il y a plusieurs siècles de cela. Les maîtres artisans avaient, à cette époque, un rang respectable et jouissaient de l’estime de tous, rappelle le regretté H’ssenDerdour dans le dit ouvrage dans lequel il a évoqué avec d’importants détails le riche passé civilisationnel de la ville de Annaba qui conservent, à ce jour, divers vestiges archéologique, témoin éternel de ce que fut cet inestimable patrimoine historique.