En hommage à notre cher docteur Friha Abdelghani Chers lecteurs, connaissez vous l’histoire d’El BOUGHI ?

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Nous allons la découvrir  par la plume du regretté Docteur Abdelghani Freha


Belle et véritable histoire d’amour connue dans les milieux constantinois et chantée par les plus grands maîtres
du malouf dont El Hadj Mohamed Tahar El Fergani. Toute l’histoire commence à Constantine par cette tradition abolie à la fin du 19 ème siècle et qui voulait que durant un jour par an toutes les filles et femmes des riches et notables (el achraf) de la ville descendaient dans toutes les rues de la ville et faire l’aumône pour tout redistribuer aux pauvres en fin de journée.

En 1940 Nedjma une honorable dame ce jour la tendit la main à Djaballah Saadi El Annabi né en 1907 humble poète et voyageur qui, fasciné et séduit par elle, lui remit tout ce qu’il avait et se rendit compte plus tard qu’il était épris d’elle.
Il entreprit de longues recherches et à sa grande surprise il découvrit que Nedjma est une honorable dame mariée. A l’aide de leurs serviteurs respectifs ils entretiennent une relation lointaine et discrète à travers de longues lettres que personne n’a pu connaître leurs contenus. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, un jour de villégiature il rencontra dans son chemin un groupe de notables de la ville qui pique niquaient et qui l’invitèrent à se joindre à eux. Sur la somptueuse et fastueuse nappe il y’avait de fins mets et des vins de qualités (khoud mchahrine). DJABALLAH accepta l’invitation et après une partie bien arrosée, chacun se mit à vanter sa bien aimé en exhibant une preuve concrète de sa conquête en montrant fièrement une mèche de cheveux ( Essalef) de son amoureuse.

Dans un élan suicidaire et totalement ivre Djaballah évoqua sa relation avec Nedjma , ce qui ne laissa personne indifférent et une preuve fut exigée. Devant les multiples moqueries et hostilités il quitta rapidement le groupe et se dirigea vers la demeure de sa dulcinée et au seuil de sa porte il lui raconta son infortune et lui réclama une preuve d’amour.

Nedjma lui répondit qu’il ne retournera point malheureux et l’honora en lui offrant une de ses mèches ornée de deux perles et incrustée de deux pierres précieuses qu’elle fit descendre à son amant par le biais de son hzam (ceinture) lui disant «.voici la preuve de mon amour pour toi, vas y vante toi et venge toi de tout ces prétentieux.» .

Tout fier et inconscient Il fila comme un reptile vers ses amis du jour qui se demandaient encore où il était partit et illico il exhiba avec fierté la preuve de son idyle.

L’ami fidele de Djaballah compris vite la bêtise commise par son copain et l’intima de ne plus révéler son secret et de quitter rapidement Constantine car s’il ne le faisait pas, il serait vite lapidé.

Malheureusement le beau frère de Nedjma en était témoin et touché dans son amour propre il proclama la mise à mort du poète.
Traqué et poursuivi par l’ombre de la mort Djabbalah décida de s’enfuir et à l’aide de son ami il arriva avec son serviteur à quitter Constantine pour sa ville natale Annaba.

Peu de temps après Nedjma mit au monde un garçon et trois années plus tard décida d’organiser sa circoncision. Ne pouvant oublier son bel amant elle décida de lui faire signe. Repenti de tous péchés Djaballah reçoit une étrange invitation de la part de Nedjma afin d’animer la fête de son fils tout en étant consciente que son mari était au courant de leur idylle. «amour de ma vie je n’ai pu t’oublier, mes nuits sont longues par ton absence et mes yeux ne retrouverons le sommeil qu’après ton retour auprès de moi, je te prie de venir au plutôt, revient à moi Ô lumière de mes jours ».

Ainsi remettant son destin à Dieu, et animé par la ferveur de son amour pour Nedjma, Djabbalah décida d’aller rendre visite à sa bien aimée quitte à le payer de sa vie. Il se dirigea vers Constantine avec son luth et le Salef (mèche) de NEDJMA comme seul bagage.

Certains de ses amis entendant son histoire, décidèrent de le suivre et de plaider sa cause une fois sur place. Mais arrivés à destination ils comprirent vite que la situation était dangereuse et que Djabbalah aller y laisser la vie. Ainsi parmi 20 personnes qui l’avaient accompagné 19 retournèrent sur leurs pas et un seul lui resta fidele.

Alors que la fête battait son plein le soir à wast-eddar (grand hall situé au centre de la maison et surmonté d’une balustrade, telle était l’architecture des maisons Constantinoises d’antan). Djabbalah qui connaissait déjà son destin et qui savait aussi qu’il vivait les dernier instants de sa vie, pris son luth et entouré d’invités, il se mit à chanter ouvertement son amour et son dernier adieux pour sa bien aimée qui le regardait du haut du drabzi (balustrade).
Ainsi que furent les dernières paroles d’El Boughi (Djaballah) et la fin triste de cette belle histoire.
« Ô Nedjma a partir de ce moment tu ne peux m’en vouloir, je suis venu te voir malgré les risques et les tourments, au revoir mon bel amour, au revoir à celle à qui j’ai fais tant de tords. Ceci est mon dernier adieu pour toi, aujourd’hui notre destin touche à sa fin et ma belle histoire se termine ici à ta demeure, la jalousie des hommes a voulue qu’ils me tuent ici devant toi et si ce n’est mon amour pour toi je ne serais venu mourir ici à tes pieds. Adieu mon amour ».Ainsi et des qu’elle avait vu que Djabaalah commençait à être poignardé à mort, elle se jeta sur la marre de sang du haut de la balustrade, son fils dans ses bras.

Le regretté Friha Abdelghani

 

 

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