Dans un contexte géopolitique complexe, l’accumulation d’armements dans les pays arabes suscite de nombreuses interrogations. Un rapport récent de l’Institut International de Recherche pour la Paix de Stockholm, publié le 13 mars 2023, révèle des tendances alarmantes en matière de commerce d’armes.
Selon ce rapport, les exportations d’armes américaines ont connu une hausse significative de 14 % entre 2013 et 2022. Ces chiffres placent les États-Unis en tête des exportateurs d’armes, avec 40 % des exportations mondiales sur la période 2018-2022. De son côté, la France a augmenté ses exportations d’armes de 44 % au cours de cette même période, se concentrant principalement sur l’Asie et le Moyen-Orient, notamment l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis et l’Égypte. En revanche, la Russie enregistre une baisse de 31 % de ses exportations d’armes de 2013 à 2022, réduisant ainsi sa part dans le marché mondial de 22 % à 16 %, en partie due à l’augmentation des livraisons d’armes en Ukraine.
Ces données mettent en lumière un aspect préoccupant : l’augmentation des achats d’armements sophistiqués par les pays arabes. En 2022, le Qatar est devenu le plus grand importateur mondial d’armes, renforçant son statut stratégique avec l’installation de deux importantes bases américaines sur son sol. Par ailleurs, en novembre 2022, le Qatar a obtenu l’approbation des États-Unis pour un achat d’un milliard de dollars d’un système de défense anti-drones, consolidant son statut d’allié stratégique non-OTAN des États-Unis dès janvier 2023. L’Arabie Saoudite n’est pas en reste, se classant deuxième plus grand importateur mondial d’armes sur la période 2018-2022.
L’analyse approfondie des acquisitions militaires du Moyen-Orient entre 2018 et 2022 dévoile l’achat de 260 avions de chasse modernes, 516 chars neufs et 13 frégates. Les États du Golfe ont commandé plus de 180 avions de chasse. Cette course aux armements soulève une question fondamentale : pourquoi ces régimes accumulent-ils des armements avancés alors que leurs populations souffrent de chômage et de pauvreté ? De plus, ces armes ne semblent pas être utilisées contre les ennemis désignés traditionnels, tels qu’Israël ou les forces impérialistes, mais plutôt contre d’autres peuples arabes, comme en Syrie, au Yémen et en Libye. Le soutien aux Palestiniens semble également faire défaut de la part de ces régimes, qui ont historiquement conspiré contre les réfugiés et les mouvements de résistance. Le cas de la base militaire de Mowaffaq Salti en Jordanie est particulièrement révélateur. Utilisée par l’armée de l’air américaine pour des opérations en Syrie, cette base démontre l’implication directe des États-Unis dans les dynamiques régionales. Selon des sources comme Intercept et Axios, cette base a joué un rôle clé dans le soutien apporté à Israël et à certaines factions en Syrie, révélant ainsi les complexités et les contradictions des politiques étrangères américaines dans la région. En conclusion, l’accumulation d’armes au Moyen-Orient ne reflète pas seulement un enjeu de défense nationale pour ces pays, mais aussi un miroir des alliances géopolitiques et des tensions régionales. Cette situation pose des questions éthiques profondes sur les priorités des gouvernements dans la région, contrastant fortement avec les besoins urgents de leurs populations.
Par Mohamed Tahar Aissani