Dans la soirée du 17 octobre 1961, Paris fut le théâtre d’un événement tragique et marquant de l’histoire franco-algérienne : la répression sanglante d’une manifestation pacifique organisée par le Front de Libération Nationale (FLN) algérien.
Ce jour-là, des dizaines de milliers d’Algériens, hommes, femmes et enfants, ont défilé dans les rues de la capitale française pour protester contre le couvre-feu discriminatoire imposé par les autorités françaises à la population algérienne de Paris et sa banlieue. La réponse de la police française, sous la direction du préfet de police Maurice Papon, fut d’une brutalité inouïe, entraînant la mort, la blessure et l’arrestation de nombreux manifestants. Cet événement n’est pas seulement un épisode tragique de l’histoire; il révèle et incarne les tensions et les contradictions au cœur des relations franco-algériennes de l’époque. Il souligne la complexité des interactions entre le colonialisme, les mouvements de libération nationale et les politiques d’immigration, dans un contexte où la France et l’Algérie étaient engagées dans un processus douloureux de décolonisation. La reconnaissance tardive de ces événements par les autorités françaises, avec l’inauguration d’une stèle commémorative en 2001 et les déclarations du président François Hollande en 2012, puis d’Emmanuel Macron en 2021, témoigne d’une volonté de réconciliation et de reconnaissance de la vérité historique. Ces gestes, bien que symboliques, constituent une étape importante dans la construction d’une mémoire partagée entre les deux pays, reconnaissant les souffrances infligées et ouvrant la voie à une meilleure compréhension mutuelle. L’adoption d’une résolution par l’Assemblée nationale française en 2024, réclamant l’instauration d’une journée commémorative, illustre la poursuite de cet effort mémoriel. Cette démarche, initiée par des députés et soutenue par le gouvernement, montre que la réflexion sur le passé colonial et ses conséquences reste un sujet vivant et pertinent dans la société française contemporaine. Elle met en évidence l’importance de la mémoire dans les relations internationales, particulièrement entre anciennes métropoles coloniales et leurs anciennes colonies, et son rôle potentiel comme vecteur de réconciliation et de paix. En conclusion, le massacre du 17 octobre 1961 et sa commémoration s’inscrivent dans un processus complexe de reconnaissance et de réconciliation. Ils nous rappellent la nécessité de confronter les pages sombres de notre histoire pour construire un avenir commun basé sur la compréhension et le respect mutuel entre les peuples.
Par Mohamed Tahar Aissani