Au cœur de Skikda, perle de la côte algérienne, se dresse un monument au passé aussi riche que ses ornements : le palais Meriem-Azza, aussi connu sous le nom de palais de Ben Gana. Ce chef-d’œuvre architectural, conçu en 1913 par Charles Montaland pour Paul Cuttoli, maire de la commune, se trouve aujourd’hui à l’aube d’une renaissance promise par une ambitieuse opération de réhabilitation. La démarche, initiée par Abdelaziz Boudjelaba, directeur local de la culture, entend non seulement sauvegarder mais revivifier l’essence même de ce joyau historique, témoignage vivant de la grandeur architecturale de Skikda. La structure, un harmonieux mélange de styles gothique extérieur et Ziride intérieur, a été le témoin de l’histoire mouvementée de la région, servant d’abri à des patriotes en quête de liberté. Sa réhabilitation s’inscrit dans une vision plus large, celle de transformer ce palais en un vibrant centre d’art et de rencontre pour les artistes locaux et de tout le pays, perpétuant ainsi l’héritage de figures emblématiques telles que le grand penseur Malek Bennabi, qui y trouvait refuge et inspiration. Le palais, avec son site boisé surplombant la corniche de Stora et offrant une vue panoramique sur l’une des plus belles plages de l’antique Rusicada, est une ode à l’architecture andalouse mauresque. Les détails décoratifs, les sculptures, les dessins, et les calligraphies arabes qui ornent ses murs intérieurs ne sont que quelques exemples du soin et de la passion investis dans sa conception. Il représente un lien tangible avec le passé, une fenêtre ouverte sur la richesse culturelle et l’esthétique raffinée de l’ère andalouse, évoquant des merveilles comme la Giralda de Séville ou l’Alhambra de Grenade. Classé patrimoine national en 1981, le palais Meriem-Azza se dresse comme un symbole de la résilience culturelle et de la fierté nationale. Son histoire, marquée par les époques et les propriétaires qui s’y sont succédé, de Paul Cuttoli à la famille Ben Gana, reflète les strates d’une Algérie riche et plurielle. Sa vente post-mortem par Marie Cuttoli et son acquisition par Boulakhras Bengana ne sont que des chapitres d’une saga fascinante qui continue de se dérouler. Aujourd’hui, alors que Skikda se profile comme un haut lieu du tourisme et de la culture, la réhabilitation du palais Meriem-Azza est plus qu’une nécessité ; c’est une mission. En préservant ce monument, Skikda ne sauvegarde pas seulement son patrimoine architectural ; elle réaffirme son engagement envers l’art, l’histoire et la mémoire collective. En envisageant l’avenir du palais comme une maison d’artistes, Skikda offre un sanctuaire à la créativité, un lieu où l’art et l’histoire s’entrelacent pour inspirer les générations présentes et futures. Le palais Meriem-Azza, avec sa réhabilitation imminente, est destiné à devenir une des attractions les plus prisées de Skikda, invitant résidents et voyageurs à plonger dans les profondeurs de son histoire, à admirer la beauté de son architecture et à célébrer le renouveau culturel d’une région qui a tant à offrir. Au-delà de sa structure physique, c’est l’esprit du palais – son âme – qui sera revitalisé, garantissant que son éclat ne se ternisse jamais.
Par Mohamed Tahar Aissani