Il y a onze ans, l’Algérie perdait l’une de ses figures marquantes de la période post-indépendance : Ali Kafi. Né le 7 octobre 1928 à El Harrouch, dans la wilaya de Skikda, Kafi est devenu un symbole de la lutte pour l’indépendance et de la transition politique tumultueuse de son pays.
Issu d’une famille rurale affiliée à la confrérie Rahmaniya, Ali Kafi reçoit une éducation religieuse et patriotique de son père dès son jeune âge. Après avoir mémorisé le Coran, il intègre l’Institut Kattania à Constantine où il s’initie aux idées nationalistes. Ces idéaux le guident vers l’université Zitouna en Tunisie, un haut lieu de formation intellectuelle et politique. Sa carrière militante prend une tournure décisive avec le déclenchement de la guerre d’Algérie en 1954. Sous la houlette de figures comme Didouche Mourad et Zighoud Youcef, il participe activement aux opérations militaires, marquant les premières années de lutte. En 1957, il devient commandant de la wilaya II, rôle qu’il occupe jusqu’à l’indépendance de l’Algérie en 1962. Après l’indépendance, Kafi sert en tant qu’ambassadeur dans plusieurs pays clés, tels que le Liban, l’Égypte, la Tunisie, la Syrie, l’Irak, et même l’Italie. Ses compétences en diplomatie lui valent également un poste de représentant auprès de la Ligue arabe, consolidant ainsi son influence sur la scène internationale. Le décès de Mohamed Boudiaf en 1992 propulse Ali Kafi à la présidence du Haut Comité d’État (HCE), chargé de gérer la crise politique engendrée par l’annulation des élections législatives. Son mandat est marqué par des tentatives de stabilisation et des efforts pour restructurer l’administration politique en pleine « décennie noire ». La mort d’Ali Kafi le 16 avril 2013 à Genève, suite à un malaise, a été un moment de profonde tristesse pour l’Algérie. Le pays a observé huit jours de deuil national, et son inhumation a eu lieu au cimetière d’El Alia, où il repose parmi d’autres martyrs de la nation. Ses contributions à l’histoire algérienne demeurent gravées dans la mémoire collective, symbolisant une ère de transformation et de défi.En revisitant la vie d’Ali Kafi, on ne peut que mesurer l’étendue de son impact sur la trajectoire de l’Algérie moderne. Un homme de principes, il a façonné son époque avec courage et détermination, laissant un héritage complexe mais indéniablement riche.
Par Mohamed Tahar Aissani