La générale de la pièce de théâtre « Ed’Diplomassi zewed’ha », qui explore la fragilité et les appréhensions injustifiées chez l’individu qui finit par s’abandonner à la peur, a été présentée, jeudi à Alger, devant un public relativement nombreux.
Accueilli au Théâtre national Mahieddine- Bachtarzi (TNA), le spectacle a été mis en scène par Khaled Ouenougui sur une fusion judicieuse de sa conception des textes, « Un diplomate » et « Le drame », deux nouvelles du grand dramaturge russe Anton Tchekhov (1860-1904).
Produit par le Théâtre régional « Ahmed-Benbouzid » de Djelfa, « Ed’Diplomassi zewed’ha », représentera l’Algérie en Russie, lors du 42e Festival international du théâtre « Melikhovskaya Vesna » (le printemps à Melikhovo), prévu du 17 au 26 mai dans la ville du dramaturge russe « Melikhovo » (70 kilomètres au sud de Moscou).
Le traitement dramaturgique du texte, ayant été soumis aux bons soins du critique et enseignant à l’Institut supérieur des métiers des Arts du spectacle et de l’Audiovisuel (ISMAS), Brahim Nouel, le spectacle, d’une durée de 60 mn, raconte l’histoire de quatre jeunes comédiens en devenir, qui s’exercent dans la préparation d’une pièce de théâtre, où le spectre de voir le présent et le passé s’affronter nourrit en eux des peurs intenses.
« La peur pour soi et pour les autres, est un phénomène que l’on se crée soi-même sans se rendre compte!… », explique le metteur en scène qui suggère pour vaincre ses peurs, d’opter plutôt pour la « voie de l’amour, de la joie de vivre, et de la tolérance dans la vie ».
Promis à de belles carrières, les jeunes comédiens, Mohamed Amar (El Hodhi), Kamel Ouenougui (Aristakh1), Kamel Djelfaoui (Mikhaél) et Khaled Benlahrèche (Aristakh 2), ont rendu une prestation pleine et réussie devant un public recueilli, parmi lequel les directeurs du TNA, du TR de Djelfa et de l’ISMAS, Mohamed Yahiaoui, Abdenacer Khellaf et Mohamed Boukerras, respectivement.
Au regard des exigences dicté par le spectacle, à savoir, la maîtrise des techniques du théâtre, savoir concilier le « courant de l’Ecole réaliste », à celui du « comique ou burlesque » tout en donnant la juste mesure à l’ »exagération dans le drame » et l’équilibre entre des intonations aux registres de jeu différents, les comédiens ont réussi à porter la densité du texte, occupant tous les espaces de la scène dans des échanges directs, ascendants et soutenus.
La scénographie, œuvre d’Ahmed Rezzag, également conseiller artistique du metteur en scène, aura été d’un apport concluant au spectacle car suggérant deux espaces, un intérieur avec une entrée et un bureau, et un extérieur avec une charrue orientée côté cour et attachée à une longue laisse qui insinue la présence de chevaux.
L’ambiance feutrée, voire sombre créée par un éclairage de circonstance, a appuyé le climat d’anxiété et de peur, thématique première du spectacle, également soutenue par un choix de bruitages et de corpus musicaux efficace, qui a bien servi les atmosphères de la trame dans ses différentes situations, empreintes d’anxiété et d’incertitudes.
« Eviter les appréhensions inutiles et évacuer les peurs injustifiées pour se tourner vers les autres avec le sourire et la joie du vivre ensemble, est la seule voie du salut pour l’individu qui cherche à vivre dans la paix et la sérénité !… « , a conclu Khaled Ouenougui.
A l’issue du spectacle les comédiens, le metteur en scène, et l’ensemble du personnel technique ont été longtemps applaudis, après avoir salué le public sur les airs emballants de « Kalinka », une des chansons populaires russe.