Il faut dire qu’Emmanuel Macon a pris de court non seulement la classe politique française dans son ensemble mais également Joe Biden, Zélinsky et tous ces chefs d’Etats et de gouvernements qui étaient en sa compagnie lors de la célébration du 80 ème anniversaire du débarquement. La surprise est aussi coté algérien car une visite d’Etat du président Tebboune en France est prévue pour l’automne prochain. Si le RN emporte les législatives il est fort possible qu’Alger annule cette visite.
En effet il parait peu probable qu’un chef de gouvernement dirigé par un parti qui hait les Algériens puisse oublier un passé qui fait toujours mal aux dirigeants et base militante de l’ex front national. De son coté le président Tebboune comptait sur une visite historique qui scellerait une fois pour toutes un type de relations entre les deux pays où la question mémorielle serait réglée de manière définitive. Ce ne sera certainement pas le cas si un Jordan Bardella est nommé premier ministre dans le cas où le RN emporterait une majorité au parlement. On imagine mal Abdelmadjid Tebboune serrer la main à ce premier ministre sans serrer les dents. L’équation s’avère d’ores et déjà extrêmement compliquée pour Paris et Alger. Certes le président Tebboune éprouve une estime particulière envers Emmanuel Macron dont il a jaugé la sincérité des propos et une conviction profonde en ce qui concerne la relance dans les meilleures conditions possibles de la relation franco-algérienne. Néanmoins la donne ne sera plus la même si le va tout ou coup de poker de Macron échouait et qu’il permettrait à ce parti d’extrême droite qui déteste les Algériens, les Arabes et les musulmans d’être à la tête de l’exécutif français. On sait pertinemment bien que cette alternance qui interviendra avant terme ne donnera aucun pouvoir d’intervention ou de décision dans les affaires gouvernementales au président de la république française, en l’occurrence Emanuel Macron si le premier ministre est Jordan Bardella. On a déjà assisté à ces cas de figure de la politique française avec Mitterrand qui avait pour premier ministre Edouard Baladur ou quand Jacques Chirac dirigeait la France mais avait pour premier ministre Lionel Jospin. Imaginions un instant qu’un tel scénario arrivât. Le président Tebboune acceptera t-il de sauver le soldat Macron en sachant bien que c’est fini pour lui ? Cela serait bien étonnant car une visite d’Etat de cette importance ne saurait être entachée d’humiliation envers l’Algérie. Par contre si la partie de poker que joue Macron en ayant en face de lui son principal adversaire le RN est gagnée et que la formation dirigée par Marine le Pen perde son avantage espéré et qu’elle retournerait là où elle n’aurait jamais du en sortir, alors ce serait une victoire éclatante pour Macron qui reprendrait en main les règles du jeu en investissant cette fois –ci sur une social démocratie qui n’ébranlerait pas le libéralisme macronien mais qui serait exigeante sur le maintien de sa ligne sociale proche des thèses de François Hollande et de Fabien Roussel du Parti communiste. Si Macron arrive à écarter le danger RN alors la visite de Tebboune en France serait non seulement maintenue mais également entourée de succès.